Dans de nombreuses localités de l’ile à Morphil, la zone située entre la rive gauche du fleuve Sénégal et son affluent le Doué, les populations sont de plain-pied dans la campagne de culture de décrue, avec bonheur, pour ainsi profiter l’opportunité, offerte par le retrait des eaux, laissant de vastes terres exondées et propices à la culture de céréales et de légumes.
Sur l’ensemble du département de Podor, les travaux champêtres se poursuivent dans les plaines (kolongal) et sur les berges du fleuve Sénégal (palé).
’Avec la crue exceptionnelle de cette année de vastes étendues de terre sont mises en valeur depuis le retrait de la crue. C’est une grande opportunité’’, selon Samba Dikko Diop, sexagénaire habitant à Walaldé, dans l’ile à Morphil, ajoutant que ‘’depuis des dizaines d’années, je n’ai pas vu de si grandes surfaces mises en valeurs. Le Fouta ressemble à un énorme champ’’.
Samba Dikko Diop boucle la phase de semis aujourd’hui, sur son champ à Jookdé, pour un total de quatre hectares de mil sorghos et de niébé, a-t-il révélé, affirmant avoir eu d’énormes difficultés à trouver des semences et des pesticides. ‘’Déjà des grillions s’attaquent aux jeunes pousses’’.
‘’Le kilogramme de semence de mil sorgho a coûté 500 F CFA, tandisque le niébé était vendu à 1250 FCFA’’, selon Samba Dikko Diop, qui déplore n’avoir vu l’aide de l’Etat.
Pour autant à Songogne, à Assi, à Lewee Ngaye, des dizaines, voire des centaines d’hectares sont mis en valeur.
Les mêmes activités sont visibles sur les berges du fleuve Sénégal (Palé), domaine réservé, souvent, aux femmes.
Dans l’arrondissement de Gamadji Saré, la campagne agricole est bien lancée.
‘’J’ai, déjà, fini de semer le maïs, le niébé, sur les berges du marigot le Doué, ces terres, un peu plus d’un hectare mis en valeur, (pale en pulaar), se frotte les mains, Saïkou Guèye agriculteur à Agnam Tonguel, dans la commune de Guédé Village.
Actuellement Saïkou Guèye et ses voisins sont entrain de désherber pour permettre aux cultures au stade de ramification, de se développer, avance t-il, avec un large sourire.
Selon lui les cultures vivrières que sont le mil, le maïs, contribuaient grandement à la nourriture de la famille dans le Fouta, avant les années de sécheresse.
‘’Surtout pendant ces périodes l’on cultivait sans les fertilisants, notamment les produits chimiques dont les engrais et les pesticides. Et on ne payait pas le coût hydraulique, ni les factures pour les aménagements, comme c’est le cas présentement’’.
‘’Comme plusieurs paysans, j’ai bénéficié d’un appui en semences de maïs de l’Union des jeunes agriculteurs de Koyliwirndé (UJAK)’’, s’est félicité, Saïkou Guèye.
L’UJAK, est une organisation paysanne, membre de la Fédération des Organisations non gouvernementales du Sénégal (FONGS), qui regroupe une trentaine d’associations villageoises qui promeut l’exploitation familiale. Depuis la fin du mois de novembre, la crue du fleuve Sénégal a amorcé un retrait rapide dans le département de Podor, notamment dans l’ile à Morphil où plusieurs localités ont subit d’énormes difficultés suite au débordement du cours d’eau.
‘’L’UJAK a concocté un programme dans le cadre du soutien aux Exploitations familiales. C’est ainsi que nous avons pu appuyer nos 28 villages membres dans les communes de Guédé Village et de Guédé Chantier, pour 1 tonne de semence de mil sorgho, 800 kilogrammes de niébé, de 500 kilogrammes de maïs, des boutures de patate douce et des équipements de pêche’’, a informé son secrétaire général, Ousmane Ly.
Cependant, il n’a pas manqué de soulever des craintes quant au déroulement de la campagne.
‘’Je pense beaucoup aux potentiels conflits entre éleveurs et agriculteurs qui pourraient surgir, si l’on ne prenne garde. Mais aussi à de possibles invasions de déprédateurs comme les oiseaux granivores’’, dit-il, non sans déplorer les équipements rudimentaires avec les quels travaillent nos paysans.
Par ailleurs, Ousmane Ly , a invité la Recherche à ‘’s’intéresser à la production et à la conservation des semences paysannes ainsi qu’au rendement des variétés céréalières’’.